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Apprendre à

      apprendre






LES TÉMOIGNAGES

Il était une fois….. des exemples de cheminement

Un grand pas sur le chemin de l’autonomie


Pour vous permettre de comprendre toute la portée de la démarche, toute sa richesse, voici quelques exemples de cheminements d’hommes et de femmes qui ont osé faire un pas de maître sur le chemin de l’autonomie. Ils ont été rédigés grâce aux témoignages recueillis auprès de formateurs, d’apprenants et de directeurs d’usine. Nous les remercions de leur bienveillante collaboration.


À titre d’exemples, voici quelques changements de comportement observés par les formateurs d’adultes d’une entreprise d’insertion du quartier Hochelaga-Maisonneuve, de même  que le témoignage de J…, une jeune apprenante et celui d’un directeur d’une entreprises d’insertion.



M…     

Chez M…, nous avons pu observer une progression notable en ce qui a trait à la confiance en soi, à la concentration et au rythme d'apprentissage. Elle démontre une grande volonté de réussir, si bien qu'elle a à cœur d'acquérir et d'appliquer les moyens pour y arriver. Alors qu'au départ elle a de la difficulté à se concentrer, le bruit et les mouvements sont très présents, qu'elle a tendance à se considérer comme « pas bonne »,  surtout en maths, avec le temps elle a su se donner une démarche systématique pour favoriser sa concentration, de sorte qu'elle est beaucoup plus sûre de ses réponses. Elle utilise de plus en plus systématiquement des stratégies appropriées à la résolution de problème. Persévérante, elle insiste pour faire les exercices, et les refaire, passant outre les commentaires désobligeants des autres, style : « donne-moi ça, tu ne seras pas capable de toute façon… » De la force de caractère!



M…

Parce qu'il était dans une période particulièrement difficile de sa vie, qu'il se dénigrait régulièrement, ce qui explique en partie son manque d'attention, M…a dû quitter l'organisme avant la fin de son stage. Cependant, il a acquis certaines stratégies d'apprentissage qui lui ont été extrêmement utiles, notamment l'observation. Il s'est rendu compte qu'il pouvait apprendre des autres, ce qui est un pas de géant. Il a également réalisé que s'il rapprochait de lui certaines consignes écrites, tout à coup elles devenaient « disponibles », ce qui automatiquement activait sa concentration. C'est ainsi que des consignes au tableau, trop éloignées pour lui, une fois reproduites sur une feuille neuve, deviennent motivantes : « ça va mieux… »



E….

Malgré le fait qu'E…ait eu de la difficulté à rester constant dans son intérêt et sa participation, certaines stratégies d'apprentissage sont désormais acquises et bien assimilées. L'observation, l'habitude de clarifier le but à atteindre et celle de vérifier son ouvrage en comparant le travail fait à une pièce déjà « parfaite » sont autant d'attitudes et de comportements qui l'aident à faire un meilleur travail. De ce fait, il acquiert une plus grande confiance en lui.



D…

D…est très ouvert et intéressé par les stratégies d'apprentissage. Son plus grand atout : il prend le temps de commencer par le niveau débutant pour ensuite monter progressivement, allant ainsi de succès en succès. Très persévérant, il finit toujours les exercices proposés, même s'il ne réussit pas du premier coup. Déjà conscient de l'importance de s'observer, il s'est intéressé aux stratégies d'apprentissage et a su en tirer profit.



Un jeune participant…

Dès qu’une difficulté émerge, il lâche tout, il devient malin. Voilà qu’on découvre qu’il fait faire ses écrits par les autres. Alors on le réfère chez nous au Centre DÉBAT.


Il passe le test intermédiaire, mais vite il devient clair qu’il a de fausses croyances sur l’apprentissage qui sapent sa capacité d’apprendre. En parlant avec lui, en l’accompagnant, je découvre que pour lui, lorsque la formatrice lui demande des questions de compréhension, il croit devoir répondre par cœur et lui redire tout ce qu’elle a dit, mot pour mot.  


En raisonnant avec lui, j’explique que ce n’est pas le cas, qu’on lui demande ce qu’il en pense, lui, ce qu’il en retient. Poursuivant l’accompagnement, vient ensuite le moment d’écrire un petit texte à partir d’une image. Il n’a rien à dire! En le faisant raisonner de nouveau, je lui explique qu’il n’y a pas de bonne ni de mauvaise réponse dans cet exercice. On avance.  Finalement ça se passe bien.


Or, voilà qu’après deux cours de français, j’observe le comportement suivant : il est capable de dire qu’il ne comprend pas, il parle, il demande de l’aide. Il apprend quoi faire pour surmonter les obstacles, il devient moins frustré. Il décide de finir l’année au Centre DÉBAT.


Au travail, à SOS Vélo, le changement observé est radical! Non seulement ils observent les mêmes comportements, mais on note qu’il soigne aussi son apparence physique. Et cette fois, il ne perd pas son emploi comme auparavant dès qu’une difficulté advenait et qu’il se fâchait, frustré de ne pas savoir comment la vaincre. Invariablement, cela se terminait par un congédiement.


Maintenant qu’il peut et qu’il a appris à composer avec son attitude et à la maîtriser, ce n’est plus pareil. C’est pour dire, des fois…



G…

Quand il est arrivé au Centre, armé d’un courage et d’une détermination exemplaires, G… ne connaissait pas son alphabet. Très timide et réservé, il parlait peu. À l’ouvrage, il était aussi isolé. Introverti, il faisait tout pour éviter qu’on lui pose des questions; les rares fois où il répondait, c’est lorsqu’il connaissait déjà les personnes. Les papiers, il ne voulait pas y toucher.


Depuis trois ans qu’il fréquente le Centre, qu’il apprend, d’abord à reconnaître ses lettres, puis à tenter la lecture et l’écriture, G... apprend à composer avec son insécurité. Très gênante aux tout débuts, même paralysante, il fallait être constamment « derrière lui ».


Les progrès étaient lents. Mais voici qu’en début d’année, lors de la deuxième session de janvier, pour dépasser cet effet plateau qui se prolongeait, la formatrice introduit dans sa démarche, les stratégies d’apprentissage. Très vite, elle constate un changement. Dès la première leçon, celle sur l’intelligence, G... se questionne et commence à réviser ses notions de l’intelligence, ça le fait réfléchir. Constamment il se traitait de « cabochon » sans même s’en rendre compte. La formatrice l’aide à prendre conscience de ce comportement et à utiliser un langage qui l’aide à apprécier son travail. Il apprend à se parler positivement.  


Maintenant, il prend conscience de ses progrès. C’est là un pas immense qui se traduit par des initiatives et des gestes concrets comme celui d’aménager lui-même, sans qu’on ne lui demande, la salle de l’usine où se déroule la formation. Au début de la session d’automne, en revenant de vacances, il n’avait rien oublié. Aujourd’hui, il travaille sur son projet personnel, démarche introduite en septembre. Intéressé par le bricolage et la menuiserie, il va à la bibliothèque, choisit un livre et ose lire sur place.


Il fait preuve d’une réelle OUVERTURE et essaie de lire des mots nouveaux, de quatre et même cinq syllabes. Curieux, plus joyeux, il aime réussir les petits exercices, les jeux du programme, et il est fier de les faire. Alors qu’avant ça le gênait lorsqu’il ne réussissait pas, aujourd’hui il est capable de relativiser quand il fait une erreur; il ose se tromper, c’est moins grave. Plus ouvert à toutes sortes de choses comme se servir du ruban pour mesurer les objets dans la classe, il accepte des nouvelles expériences. Il est plus détendu et chantonne dans ses exercices.


Alors qu’avant il pensait qu’il devait travailler dur pour apprendre, qu’il était « cabochon » et que le prof allait tout lui apporter, maintenant il comprend que son apprentissage lui appartient. Moins impulsif, il sait qu’il faut vérifier ses réponses et il apprend comment le faire.  Il poursuit sa démarche, a plus d’audace et ouvre son champ d’expérience. G est là, au fur et à mesure de l’expérience; présent, il n’anticipe pas. Plus confiant, son langage est beaucoup moins culpabilisant, il fait même des blagues.


Et cela se répercute au travail. IL EST PLUS OUVERT. Tout le monde l’a remarqué nous dit le directeur de l’usine : « Il est plus confortable dans son jardin et il vérifie certaines choses, on peut lui en demander plus, les rapports, maintenant il les fait. Il apprend à passer ses commentaires et n’a pas peur de prendre un peu plus sa place qu’avant, ça nous surprend; il parle disent les gens. Il est rendu à une étape qui le satisfait et veut continuer. »



J...

« Le Centre DÉBAT, c’est comme ma deuxième famille.  Cet été y'avait pas de cours, puis j’ai été une semaine sans y aller, j’étais malade; je me suis ennuyée de mon monde. J’étais contente de recommencer. Ici, il n’y a pas de jugement, la personne la plus riche comme la plus pauvre, tu te sens pas rejetée. Tout le monde est accueillant. C’est pas dans une grosse école que je vivrais ça; t’es comme un numéro.  Des fois t’as besoin de parler à ton prof, mais ils sont pas là pour ça.


Dans un Centre pour adultes, des fois les profs sont moins chaleureux : t’as ça à faire, faut que tu le fasses. Si tu demandes un peu trop d’explications, t’as l’impression de ne pas être trop intelligent. Au Centre, s’il faut qu’ils expliquent 20 fois, ils vont le faire, tu te sens pas à part. On peut parler, on ne se sent pas mal pour autant.


C’est sûr qu’au début j’avais peur. Je vivais une dépression, c’était difficile. Je sortais pas de chez nous, j’avais peur de parler avec le monde, de marcher seule sur la rue. Mes enfants, je les laissais pas sortir, ils avaient pas le droit d’aller en avant de la porte. Je me suis dit : “arrête d’être toute seule.” Les gens de la CDEST m’ont référée au Centre DÉBAT, là j’ai vu que j’étais pas toute seule dans mon cas.


Au début, mes enfants trouvaient ça impressionnant, ils disaient : “maman va à l’école!”. Quand il y en avait un qui était malade ou en congé, je l’amenais avec moi et ils aimaient ça. Aujourd’hui, j’en ai encore, des peurs, mais j’arrive à les contrôler. Je reçois beaucoup d’aide et de compréhension. Des conseils de l’un et de l’autre, ça aide.


Si ça n’avait pas été du Centre, j’aurais peut-être pas continué. Après deux ans de révision, je lis beaucoup maintenant, et j’ai passé le test de classement : Secondaire III. Je suis l’école par correspondance.  Ça m’a permis de me remettre dedans. Et puis, quand j’ai un coup bas, il y a toujours quelqu’un pour vous encourager.


J’aurais pas pensé me rendre là, parce que cela a ouvert des choses que je pensais plus jamais faire. En allant au Centre, ça m’obligeait à sortir, même si j’avais pas le goût.   Aujourd’hui, je ne me sens plus emprisonnée entre quatre murs. J’ai toujours une crainte, mais j’ai appris à vivre avec, ça m’empêche pas de sortir. Je suis capable d’aller magasiner seule, de rentrer dans les magasins seule. Reste une marche à monter, celle de prendre l’autobus….»



Guy LaRocque, directeur de SOS Vélo

« Ici à SOS Vélo, le message qu’on veut transmettre aux jeunes qui ont peu d’expérience et surtout aux employeurs, c’est la souplesse, le fait d’être capable d’apprendre. À partir de là, si l’esprit devient ouvert à des façons de fonctionner et pourquoi, c’est l’habileté la plus transférable. Ce qui justifie l’existence de SOS Vélo, c’est vraiment apprendre à apprendre. C’est comme ça qu’on prépare les jeunes au marché du travail, peu importe le chemin, car aujourd’hui, les chemins et les carrières bifurquent dans toutes sortes de direction.


Avec la disposition d’esprit d’apprendre à apprendre, le jeune, il va essayer de travailler vers l’avenir plutôt que vers les acquis. On leur dit : « on n’est pas là pour se faire des amis, mais pour vous transmettre des connaissances, des habiletés. » La reconnaissance, elle vient après, comme ce jeune qui à la suite de sa formation à SOS Vélo m’appelle pour me dire qu’après seulement six mois dans sa nouvelle job, il est devenu contremaître. Comme cet autre jeune qui, après une première tentative infructueuse de se trouver un emploi, vient nous voir pour qu’on examine la situation et qui quelque temps après nous redonne de ses nouvelles pour nous dire que non seulement il a un emploi, mais qu’après un mois et demi, il a eu une augmentation qu’il ne devait avoir que dans six mois.


Ici, à SOS Vélo, nous travaillons beaucoup en nommant les vraies choses au moment où ça se passe, sans les attaquer. Nous cherchons à comprendre le comportement, le processus, pour arriver à le défaire. On leur apprend à travailler en collaboration, en leur faisant comprendre que chaque poste est important. Ce n’est pas une guerre de pouvoir. Nous avons un objectif commun chez nous, à SOS Vélo, c’est d’apprendre à apprendre, tellement bien, que certains jeunes sont devenus des « coach » à l’interne.


Alors le programme Apprendre à apprendre, ça tombe en plein dans la philosophie de SOS Vélo. La notion d’égalité ici est une position fondamentale pour rejoindre le jeune. On explique le chemin s’il faut se rendre de A à B, on ne le justifie pas, ça prendra le temps qu’il faut. On décrit les comportements que l’on voit, sans juger. En somme apprendre à apprendre, c’est une attitude, ça permet de se retourner sur un trente sous, et les résultats appartiennent à chaque jeune.


C’est grâce à eux si l’image corporative de SOS Vélo s’est améliorée. Ce sont les jeunes, leur contribution, leur ingéniosité, qui ont fait grandir le projet. Et ce malgré le fait qu’ils passent 26 semaines ici. À peine ont-ils eu le temps de se développer qu’ils doivent se séparer, faire le deuil, partir dans un autre emploi. En fait le plus dur pour eux, c’est d’apprendre à réussir, de briser des scénarios d’échec. Avec humour, un renforcement bien dosé, on les aide à digérer leurs réussites.


J’ai une grande foi en la capacité des gens, même les plus démunis si tu réussis à les valoriser et qu’ils veulent; ils ont besoin de quelqu’un qui croit en eux, une fois. J’ai une reconnaissance sans borne pour les jeunes. C’est eux qui sont capables de développer des nouvelles idées, de sortir des sentiers battus, comme la nouvelle ligne de produits dérivés que l’on a créé dont cet arbre de Noël fait avec des bicycles. À SOS Vélo, la recherche et le développement, c’est le gros bon sens et la communication. »


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